Crise ukrainienne : quels sont les impacts sur les marchés ?
Vladimir Poutine a choisi de lancer une vaste offensive militaire ce jeudi 24 février 2022 en envoyant son armée sur le territoire ukrainien. La réaction des marchés a été immédiate : envolée du prix des matières premières et violente secousse des principaux indices boursiers, dans un contexte déjà perturbé par la reprise de l’inflation et la hausse des taux.
Ce conflit intervient au moment où les prix de l’énergie, comme ceux de beaucoup de matières premières, ont déjà fortement augmenté, portés par une demande robuste et une offre limitée.
La Russie produit d’importantes quantités de métaux : premier producteur mondial de palladium, notamment utilisé pour la construction des voitures, deuxième producteur d’aluminium et de nickel, et septième producteur mondial de cuivre. Rappelons également que la Russie est le premier producteur mondial de blé. L’Ukraine est quant à elle le premier producteur mondial de maïs et le cinquième producteur mondial de blé. Enfin, la Russie est l’un des plus importants exportateurs de pétrole et fournit environ 40% du gaz européen.
Les cours du pétrole continuent de progresser vivement ce lundi : le Brent gagnait ainsi 4,79 % à 102,62 dollars le baril, après avoir enregistré un pic à 105,07 la semaine dernière (au plus haut depuis 7 ans) et le WTI a bondi de 5,57 % à 96,69 dollars.
Les sanctions sévères prises à l’encontre de la Russie pourraient amplifier cette inflation énergétique et sont donc redoutées par les marchés. En effet, tant que ces sanctions restent ciblées et épargnent un embargo sur l’énergie russe, l’impact sur les prix du pétrole peut rester limité et les dommages collatéraux contenus. « Avec la décision historique prise par les Etats-Unis, l’Europe et le Canada d’exclure les banques russes du systèmes de messagerie et de transactions financières Swift et des sanctions prises à l’encontre de la Banque centrale russe, nous nous attendons malheureusement à un regain de cyber-attaques de groupes soutenus par l’Etat russe, qui pourraient s’en prendre au cours des prochaines semaines contre les entreprises ou les administrations américaines ou européennes », écrit Dan Ives, analyste chez Wedbush Securities.
L’autre initiative qui peut mener soit à un succès diplomatique soit à une dangereuse escalade, c’est l’annonce que l’Europe prévoit d’envoyer pour 500 millions d’euros d’armes létales et d’équipements militaires afin d’appuyer la résistance ukrainienne. « C’est un moment charnière pour notre Union », a déclaré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne.
A la suite des sanctions prises par l’Union Européenne, le dirigeant russe a laissé planer un doute sur l’utilisation de l’arme nucléaire. Cette menace nucléaire est très difficile à « pricer » pour les opérateurs de marchés, qui restent davantage concentrés sur l’impact des mesures financières prises contre la Russie. Les valeurs implantées en Russie ou exposées à la Russie ou à l’Ukraine sont particulièrement sanctionnées, notamment Société Générale – dont le cours a perdu 30% au cours des 3 dernières séances – ou Renault.
Toutefois, les sanctions imposées en raison de l’invasion russe de l’Ukraine, touchent particulièrement l’économie Russe. Le rouble s’est effondré à des niveaux record : la monnaie russe a atteint son plus bas historique face au dollar ce jeudi après une chute en séance de 9%. Le rouble s’effondrait à nouveau ce lundi avec un plongeon de près de 30% par rapport à la monnaie américaine. Si l’indice boursier russe Moex s’est repris ce vendredi, l’ouverture de la Bourse de Moscou a été repoussé de 5 heures ce lundi, avant d’être tout simplement annulée pour la journée. Londres gèle par ailleurs les avoirs des oligarques proches de Vladimir Poutine. Sberbank se désintègre de -75% à Londres, une faillite de ses filiales européennes semble imminente alors que ses clients retirent tous leurs avoirs.
La décision de la Banque centrale Russe de relever d’un coup son taux directeur de 9.5% à 20% pour soutenir sa monnaie n’est pas de nature à rassurer les marchés.
Ces évènements ont particulièrement influencé les marchés financiers, depuis début février. Les conséquences de cette crise restent encore, à ce stade, difficiles à mesurer. Toutefois, gardons à l’esprit qu’au cours des 19 événements géopolitiques survenus depuis 1945, dans 78% des cas, les marchés redevenaient positifs au bout de trois mois, avec une baisse moyenne, du plus haut au plus bas, d’environ 9%.
En attendant, les marchés vont rester volatiles ces prochaines semaines. Tant que les marchés sont en mode « risque off » (« bear market »), la diversification des allocations doit rester centrale.
Compte tenu de la situation, nous privilégions d’autant plus les investissements sur les classes d’actifs alternatives (Hedge Funds, Private Equity/Dette/Infrastructures et immobilier).